RESTORE : Changement climatique et communautés microbiennes aquatiques

Le projet RESTORE

Le changement climatique agit directement sur les masses d'eau en provoquant l'augmentation de leur température, et il favorise aussi des épisodes pluvieux intenses qui érodent les sols et chargent les lacs et rivières en matière organique. Ces matières organiques dissoutes terrestres, aussi appelées matières organiques terrigènes, peuvent influencer les cycles biologiques des masses d'eau quand elles sont présentes en grande quantité.

Dans ce contexte, une équipe de scientifiques de 8 laboratoires différents, coordonnée par Fabien Joux, s'est intéressée à l'impact de ces effets du changement climatique sur les populations de micro-organismes aquatiques. C'est le projet RESTORE.

Le projet a permis la réalisation de trois expériences - une en environnement contrôlé d'eau douce, une en milieu côtier et une en laboratoire - et il se poursuit par l'analyse des données obtenues et par de la modélisation.

La contribution de PLANAQUA et de l'Ecotron Ile De France

Deux expériences de RESTORE ont été réalisées dans des installations AnaEE France, plus précisément avec les mésocosmes aquatiques de PLANAQUA et les microcosmes aquatiques de l'Ecotron Ile De France.

Les mésocosmes aquatiques de PLANAQUA ont permis d'étudier les micro-organismes aquatiques d'eau douce dans des situations de température à +6°C ou avec un apport en matière organique dissoute terrigène. Des analyses de métagénomiques et des mesures métaboliques, couplées à des observations au microscope ont servi à caractériser les populations d'algues, de bactéries, de zooplancton, et leurs rôles dans ces conditions particulières.

Certaines microalgues sont mixotrophes, c'est-à-dire qu'elles utilisent la photosynthèse, mais peuvent également se nourrir de matière organique. De nombreuses microalgues toxiques sont mixotrophe, c'est pourquoi les microcosmes aquatiques de l'Ecotron Ile De France ont été utilisés pour étudier la réponse d'une microalgue mixotrophe (Ochromonas danica) à une augmentation de la température et de la matière organique dissoute. L'étude des changements d'effectif et de l'expression des gènes de cette espèce face à des effets du changement climatique permettra de compléter les modèles pour essayer d'estimer les réponses de ce type d'organismes dans le milieu naturel.

Même si beaucoup de données restent à traiter avant de pouvoir produire de réelles conclusions, les résultats donnent déjà quelques éléments de réflexion : l'effet d'une concentration accrue de matière organique dissoute aurait un effet moins marqué sur les populations microbiennes que celui, très fort, de la température. Affaire à suivre.


Pour plus de détails sur RESTORE, vous pouvez lire l'article d'Yvan Macais dans CNRS Le Journal.



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